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L’Etang - compagnie soleil vert

L’Etang

matériaux et références

d’après « L’Etang » de Robert Walser
adaptation : Laurent de Richemond


- présentation de l’auteur : Robert Walser
- extraits du texte : « L’Etang » de Robert Walser

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« L’Étang » de Robert Walser
(extraits du texte)


Fritz (seul) : (...) Qu’ils courent. Au fond, ça m’importe si peu, si peu. J’aime bien être seul. C’est là que les idées vous viennent. Personne ne vous dérange. (...) Viens Fritz, allons ensemble. Je ne suis pas tout seul quand même. Fritz est le copain de Fritz. Je suis le meilleur ami de moi-même. (...)


Fritz : Tu supporterais, toi, que ta mère ne t’aime pas du tout ? Ça te serait égal ?

Ernst : Mais c’est stupide ! Une mère aime toujours son enfant. La tienne sûrement t’aime aussi. C’est des idées que tu te fais !

Fritz : (tristement) N’en parlons plus.


Fritz : Comme c’est calme ici. Comme les sapins se reflètent dans l’eau. Comme les branches dégoulinent, en silence, tout doucement. On dirait un chant. Sur l’eau, les feuilles nagent comme de petits bateaux. Voilà un lieu pour être bien triste et mélancolique. Mais je ne suis pas venu ici pour pleurer. Il faut que je me grouille. (Il retire sa veste.) Voilà ! Que la veste repose dans l’herbe. (Il jette son chapeau dans l’eau.) Et qu’une fois dans sa vie, le chapeau apprenne à nager. J’ai dit à Paul que j’étais fatigué de vivre, que j’allais à l’étang. Il aura bien compris. La vérité, c’est que moi aussi, une fois au moins, je veux me mettre un peu en avant. Je voudrais savoir si maman est capable de se faire du souci pour moi aussi. Je serais quand même curieux de voir si elle restera indifférente quand on lui dira que Fritz s’est jeté dans l’étang. - Paul va venir à toutes jambes, et quand il verra le chapeau, et puis la veste, là, et moi nulle part autour, qu’est-ce qu’il pourra croire, sinon que je me suis jeté dedans. Ça m’étonnerait vraiment que ce coup ne marche pas. C’est sans doute mal, de faire une frayeur inutile à maman. Mais - - à présent, il faut absolument que je sache si je ne vaux rien du tout à ses yeux ou bien non. (...)


Fritz (seul) : (...) Ce n’est que justice s’ils doivent un peu s’agiter pour moi, une bonne fois, et pleurer. Ils vont pleurer, et ça me fait bien plaisir. A ce jour, personne n’a encore jamais pleuré à cause de moi. Peut-être admettront-ils alors que moi aussi, je vaux quelque chose.


Klara : Si seulement il venait à présent. Si seulement il venait ! Il ne peut quand même pas s’être noyé. On fait pas des choses comme ça. Ah, si seulement il était là. Je me laisserais volontiers traiter de salope. Mille fois. Pourquoi est-ce que j’ai toujours été si méchante avec lui ? Oh, c’est mal comme on l’a traité. Mal, très mal. Je ne peux plus parler. Ça me coupe le souffle. (Craintive) Fritz, mais viens, viens donc. Tu ne vois pas qu’à cause de toi on doit tous pleurer ? Toute la maisonnée est dans un état ! Mais viens donc ! - - Il faut que je file, je ne peux plus tenir en place. C’est tout noir, dans tous les coins. Je vois tout noir devant mes yeux. Fritz, oh Fritz. Méchant garçon, gentil, stupide garçon, Oh -
(Elle se couche sur le sol et sanglote.)
Présentation du texte et éléments d’intention de mise en scène...
par Laurent de Richemond (metteur en scène et acteur de ce projet)


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