un projet de Laurent de Richemond
présentation de l’écrivain : Arno Calléja
matériaux textuels du spectacle
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« … et tu les sors comme ça mais tu les sors pas trop bien les mots tu les sors pas trop bien et il y a les gens qui les sortent bien il y a des gens qui parlent bien et ya les gens qui parlent moins bien et ya les gens qui parlent pas et ceux qui ont le pouvoir sont les gens qui parlent bien et ceux qui ne peuvent pas prendre le pouvoir sont les gens qui parlent mal ou ceux qui ne parlent pas et moi je suis ni dans ceux qui parlent bien ni dans ceux qui parlent pas je suis dans les gens qui parlent comme ça ni bien ni mal, je suis dans les gens qui parlent d’un coup d’un seul, je suis dans les gens qui mettent pas de majuscule au début et qui mettent pas de virgule au milieu et je suis dans les gens qui ne respirent pas aux bon endroits de la phrase, j’ai pas le paysage devant entre moi et la phrase et c’est pour ça que je n’aime pas les virgules les virgules c’est pour faire croire que ya des buissons dans ta tête ou c’est pour faire croire que t’as un arbre dans ta phrase les virgules, moi je préfère parler avec un devant bien dégagé il faut que les choses soient claires quand on parle les choses sinon on dit n’importe quoi et on met des majuscules partout pour faire croire qu’on a plusieurs idées mais c’est qu’en réalité on est perdu, les majuscules c’est les cons qui font les malins et qui n’osent pas avouer qu’ils sont perdus, mais moi je mets pas de point parce que je reste avec la même sensation qu’au début de la phrase et comme ça au moins on peut pas faire semblant d’avoir une idée derrière la tête parce que sans les points et sans les majuscules c’est la phrase qui mène son idée et c’est ça que je voulais dire et aussi je vais dire une chose qui est une autre chose c’est que le rapport à la parole est un rapport à la mort et ça je le sais parce que je le sens et la mort on comprend pas la mort n’est pas dans la compréhension et je parle touletan pour que la parole ne soit pas un rapport à la compréhension mais pour que la parole soit un rapport à ma mort c’est pour ça que je parle je veux dire que je parle contre moi-même c’est parce que je ne veux pas en vivant être en rapport de compréhension avec moi-même et je ne veux pas être en rapport de moralisation avec moi-même je ne veux pas être en rapport de séduction avec toi-même je ne veux pas être en d’autre rapport que celui qu’induit la mort dans son mouvement de mort qui est le mouvement même de la ligne de vie qui me mouvemente et aussi je dis que la mort est de la vie en vibration et les gens eux ils ne savent pas les gens ils sont occupés touletan ils sont occupés par le travail et ils ne sont pas prêts à savoir les choses parce qu’ils ne sont pas prêts à arrêter le travail je veux dire que tant qu’ils travaillent les gens ne sont pas prêt à mourir voilà les gens tant qu’ils travaillent ne sont pas prêts à mourir pour les choses et c’est pourquoi le réel est beau le réel est une ébullition de choses mortes qui sont pirement plus belle que la vie et je vais dire encore une chose c’est que les gens font des fautes parce que les gens vivent et qu’on ne peut vivre qu’en faisant des fautes et c’est pourquoi les gens meurent parce que la confusion pousse au crime parce que quand on n’arrive plus à neutraliser l’autre on le crime et alors c’est très dommage et les gens sont dans les prisons à ne plus savoir quoi faire pour être dehors et c’est pour ça que les gens font des fautes et se criment dans l’amour de la prison parce que les gens pense que l’amour c’est aimer l’autre mais l’amour ce n’est pas aimer l’autre l’amour c’est neutraliser l’autre en fait l’amour c’est neutraliser l’autre dans le formol de sa névrose à soi et ça les gens ne le savent pas vraiment mais ils le font et c’est comme ça que les gens se rencontrent et c’est comme ça que les gens se donnent la sensation c’est à dire on lance son sexe dans l’autre gen et on malaxe son sexe dans l’autre gen et alors voilà l’autre gen est content car ça lui donne la sensation et l’autre est content donc en retour il contre donne et nous dénoue le noeud qu’on est car on est un noeud puisqu’on parle touletan dans la tête et c’est pourquoi nous ne sommes pas au comble du réel mais que la vie elle est au comble du réel car c’est elle qui le fabrique et c’est elle qui le nie à la fin la vie est négatrice du réel et si tu veux vivre alors tu dis les mots et c’est tout et si tu veux vivre tu pousses les mots qui veulent rien dire les mots veulent pas les mots ne veulent rien du sens à dire parce que les mots ils veulent vivre juste vivre et c’est tout et toi tu veux vivre avec eux mais tu sais pas trop comment tu sais pas trop vers quoi pousser vers qui tu sais pas trop alors tu les sors comme ça mais tu les sors pas trop bien les mots et il y a les gens qui les sortent bien il y a ... »
Arno Calléja
« Mon Corps Est Nul » (extrait)